GwenAlices
GwenAlices

Alopecie

A la découverte de son pouvoir féminin

Lorsque le médecin nous annonce que l’on va perdre nos cheveux et devenir chauve, ce n’est pas vraiment une surprise. Dès lors que l’on nous a annoncé que devions nous préparer à la chimiothérapie, cette image s’est imposée à nous.

Nous le savons. Nous avons tous et toutes vue un film, une série ou une publicité d’appel aux dons pour la lutte contre le cancer, dans lesquelles une femme chauve représente ce combat.

Rarement les hommes d’ailleurs. Pourtant, même si nous n’en parlons que peu, eux aussi sont confrontés aux cancers et leurs traitements provoquants ce qui est appelé dans le jargon médical « Alopécie. »

Peut-être que ça s’explique parce qu’un crâne chauve est plus choquant chez une femme, et plus sexy chez un homme.

La femme chauve est d’ailleurs l’un des symboles forts et très représentatifs des maladies comme le cancer. Alors nous sommes tous au fait qu’une tête chauve est le signe extérieur d’un traitement lourd contre une maladie lourde. Une femme est rarement chauve par choix.

Pour autant si cette annonce ne déclenche aucun étonnement, elle déclenche un tsunami intérieur pour la majorité des femmes concernées.

Imaginez-vous, l’espace d’un instant… Chauve ! Imaginez votre visage tel que vous le connaissez, et retirez-lui tout ce qui met en valeur sa forme, ses traits, tout ce qui fait votre visage.

Quelques jours plus tôt on vous a annoncé que vous êtes atteint d’une tumeur maligne, que vous devez subir un traitement qui va vous prendre non seulement, votre vie sociale et professionnelle, ainsi que votre vie de famille et votre énergie, mais qui va au passage vous retirer tout ce qui fait de vous, extérieurement : Une femme. Vos cheveux, vos cils, vos sourcils, vos seins…  

Difficile de penser sa vie et son avenir dans l’épanouissement avec une apparence amené à se dégrader de jours en jours. Comment envisager sa vie de femme si on perd ce qui fait de nous une femme ?

Toutes femmes qui se respectent, connait cette règle de style : La coiffure fait le visage ! Evidemment, le maquillage et les bijoux subliment le tout, mais la base (comme on dit maintenant), c’est la coiffure.

Vous pouvez prendre n’importe quelle femme, si vous vous amusez à lui changer sa coiffure vous aurez chaque fois une personne différente devant vous. Il ne faut pas oublier que pour nous, une coiffure c’est également un moyen de gagner en assurance. Plus on se sent belle, plus nous sommes sûres de nous, et mieux nous réussissons. Cela peut paraître superficiel, mais une femme qui se sent belle, est capable d’accomplir des miracles. A contrario, une femme se sentant mal dans sa peau, n’osera rien faire par peur qu’on la remarque, et elle se renfermera sur elle-même.

Que faisons-nous lorsque nous nous sentons mal dans notre peau ? Lorsque nous nous faisons larguer ou que nous avons besoin de changement dans notre vie ? C’est simple, nous changeons de coiffure ! Ça nous confère un sentiment de bien-être, nous nous sentons belle et nous reprenons confiance en nous.

Et un jour, on nous annonce que le traitement qui va nous sauver la vie, va nous ôter tout ce qui nous rend belle et nous fait nous sentir forte. Pile au moment où l’on va avoir le plus besoin de cette force que nous puisons dans notre féminité.

Bien sûr, c’est temporaire. Les cheveux, les cils, les sourcils, les poils finiront par repousser. Bien que personnellement, je ne suis pas contre le fait de conserver une partie de cette épilation intégrale et longue durée offerte par la sécurité sociale sur certaines zones. Mais là encore, ce n’est pas moi qui décide. En attendant, cela reviendra. Cela mettra des mois avant que le processus de repousse se mette en place, et des années avant de retrouver une chevelure digne d’une pub pour shampoing, mais un jour ces signes distinctifs de féminités nous seront rendus. En attendant il nous faut vivre et avancer sans. Il nous faut, donc, puisez une nouvelle force intérieure pour combler ce manque extérieur.

Aussi étonnant que cela puisse paraître j’ai rencontré, et rencontre encore, beaucoup de femmes qui acceptent l’idée de se faire retirer un sein bien plus facilement qu’elles n’acceptent l’idée de perdre leurs cheveux. C’est dire à quelle point les cheveux ont une importance dans nos vies. Je sais exactement ce que ces femmes ressentent, parce que j’en ai fait partie. Et je peux vous assurez que cette pensée est comme l’alopécie : Temporaire !
 

Puis les jours et les semaines passent, et le traitement fait son œuvre. Ce que nous redoutons le plus et ce pour quoi nous nous préparons psychologiquement depuis la grande annonce, arrive aussi violement qu’une gifle donnée dans un éclat de rire. A un moment où l’on ne s’y attend pas, ou plus. Après tout, cela fait des semaines que notre traitement a démarré, et nos cheveux restent accrochés à notre cuir chevelu comme des moules à leur rocher. Alors on finit par se dire, ou plutôt par espérer, que nous ferons exception à la règle.  Mais non !

Pour moi cela s’est passé, un matin d’août en sortant de ma douche. Cela m’a marqué, car nous devions nous rendre à un rendez-vous. Je venais de me laver les cheveux, de me coiffer et de me préparer comme chaque fois, sans aucun signe particulier d’une arrivée de l’alopécie annoncée. C’était une heure avant le choc.

Ce jour-là en prenant place dans la voiture, j’ai fait un geste. Comme je le faisais une dizaine de fois par jour. Je me suis passé la main dans les cheveux. Geste qui, je l’ignorais encore, allait devenir à la fois une obsession et une crainte.

J’ai regardé ma main qui contenait une poignée de cheveux resté entre mes doigts au moment de leur passage, et j’ai dit : Ça y est ! Le processus est lancé. Nous avons échangé des regards entendus et le silence s’est fait entendre.

Les jours passent, les cheveux tombent aussi rapidement qu’un arbre qui se défeuille en automne. L’image reflétée dans le miroir nous renvoie à une réalité dévastatrice. Notre corps ne nous appartient plus. Il appartient à la science médicale, et nous, nous sommes condamnés à y vivre.

Certaines femmes optent pour la perruque, d’autres pour les turbans de chimiothérapie, moi j’ai opté pour les foulards.

Je me suis vite rendu compte, que la prise en charge de la sécurité sociale ne permettait pas de rester féminine avec dignité, sans devoir renoncer non seulement à un sein en fin de parcours, mais aussi à un rein en cours de route pour payer la facture. Ne pouvant pas cacher mon état de santé, puisque l’un des effets secondaires est le syndrome du crâne chauve, j’ai décidé de cacher mon crane de bébé  sous des foulards de fausse soie, commandés sur un site internet spécialisé dans les produits fabriqués et envoyés depuis la chine, pour un prix n’excédant pas 5,00€ frais de port compris. Plus de foulards, plus de choix, plus de styles.

Finalement les jours et les semaines passant, j’ai fini par me faire à cette nouvelle image de moi. Ce visage coiffé de foulards me permet de changer de tête comme je le faisais avec mes brushings. Je peux les assortir selon mes vêtements et je perds moins de temps à les coiffer que mes propres cheveux. Même si j’ai fini par accepter cette nouvelle image, ce n’est qu’une première victoire.

La deuxième je la gagne aujourd’hui. Avec ces photos. Des Photos sans foulards. Des photos de mon visage sans mes mèches blondes bouclées, lissées, ondulées, attachées ou en batailles. Toutes ces coiffures qui ont fait mon visage depuis presque 40 ans. Une image que seuls mes proches, très proches intimes, voient chaque jour depuis des mois, en s’efforçant depuis les premiers jours à faire comme si de rien n’était, comme si ce n’était pas « si » choquant que ça. Á faire comme si j’étais encore belle.

Aujourd’hui, et même si mes cheveux me manquent, même si j’ai hâte de m’énerver de nouveau sur des mèches rebelles qui refusent de rester dans la position que je leur ai choisi pour la journée, je dois avouer que je suis contente d’avoir à traverser cette épreuve d’alopécie.

Grâce à cette épreuve, je me découvre une autre féminité. Une autre façon d’être femme et de puiser dans mes ressources intérieures pour laisser sortir la véritable femme que je suis.

Pas celle qui joue de ces cheveux pour captiver l’auditoire, ou séduire son interlocuteur. Pas celle qui se sert de ses coiffures pour sublimer une tenue, ou encore pour donner bonne impression, ou se créer un personnage.

Lorsque l’on est privé de cette « accessoire » de séduction, de cette beauté féminine, nous devons partir à la recherche de notre véritable pouvoir féminin. C’est un travail d’introspection et une grande découverte de soi. Ce que l’on y découvre est bien plus puissant qu’un carré plongeant, ou des mèches blond platine.

On réalise que peu importe les artifices extérieurs, si on ne se sent pas belle de l’intérieur, si l’on ne prend pas le temps de se connaitre et de découvrir notre, force ainsi que notre pouvoir féminin, aucune coiffure, aucun maquillage, ni aucun bijou ne peut faire de nous une femme accomplie et épanouie.

 Le meilleur moyen de se sentir belle, est de se connaitre soi-même, au-delà de ses propres apparences.  

Grace à cette épreuve, aujourd’hui je me sens bien plus femme, plus belle, plus forte et plus confiante que je ne l’ai jamais été.

Quand une femme arrive à se sentir belle sans beauté extérieure, plus rien ne peut la faire se sentir laide.

 

GwenAlices, un jour du début du commencement de la fin d'une vie pavée de doutes et d'illusions.

 

cancer ; alopecie ; féminité ; beauté ; pouvoir feminiin

Commentaires

  • A118
    • 1. A118 Le 23/01/2023
    Un petit mot insignifiant pour essayer d'apporter une touche de positivité, de reconnaissance, de respect, de force, à cette personne que je suis de loin depuis ces derniers mois.
    Découverte sur tiktok, dont l'algo a bien compris que les valeurs magnifiques de cette personne pourront rapporter un peu de flamme dans mon esprit fendu d'homme séparé ayant vécu des moments difficiles.
    L’honnêteté, la bienveillance, les réelles égalités et inégalités de notre société actuelle disséquées par cette belle intelligence, qui font tellement de bien au coeur et en l'espoir de l'avenir.
    Et ces derniers mois quasiment totalement silencieux, jusqu'à découvrir, par cette "ode" à certains poils, qui a révélé la réalité violente de la raison de ce silence.
    Terrible de découvrir ça de loin, sur une personne que je ne connais que si peu et d'en être autant touché.

    Je ne sais que souhaiter, je ne sais que dire de mieux, mais voici mes pensées les plus sincères pour vous souhaiter le meilleur pour l'avenir.

    Et je l'espère, d'aussi bons contenus à suivre sur les réseaux pour l'avenir :-)
  • Guillaume Mennel
    • 2. Guillaume Mennel Le 05/12/2022
    Tu est une battante et tu la joie de vivre... Se combat tu va le gagner je ne m'inquiète pas pour ça car tu a tellement subi depuis le temps que je te connais.... Un bon courage à toi reste forte... Bisous à toi
  • Pierre Maulandi
    • 3. Pierre Maulandi Le 03/12/2022
    Bravo pour ce texte qui met à nu tant de préjugés. Bravo pour votre combat et bravo pour votre sourire.

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