GwenAlices
GwenAlices

Neuneuille

Ma première Mammographie

Je l’avais annoncé, l’année de mes 40 ans sera une année décisive et riche en sensation. Une année durant laquelle je vais expérimenter, découvrir et écrire les pages de ma nouvelle meilleure vie. Nous sommes en mai et depuis le meilleur 23 février de ma vie, j’ai déjà tenté de nouvelle chose. Petit rappel sur ma date de naissance, pour ceux et celles qui ne l’auraient pas noté !

Pour vous citer un exemple, j’ai expérimenté le Jeûne. Parfait pour la santé, un bon moyen de réunifier son corps et son esprit. Je me suis dit que 40 ans c’est le bon moment pour commencer à se nettoyer de l’intérieur. Je pense souvent au slogan pour les yaourts Danone : Ce qui se passe à l’intérieur se voit à l’extérieur. Et ça me fait un peu peur. Je me dis que suivant la logique des yaourts, plus on pourrit de l’intérieur plus on se décompose de l’extérieur.

Ce qui explique certains physiques. Il suffit de regarder la tronche bouffie et la peau grasse de mon charcutier, pour deviner qu’il est plutôt pinard et saucisson que Vittel et Crudité. Les végans, pareil. Ce qui se passe dans leur intérieur on le voit à extérieur. La dépression des graines germées et leur lutte pour libérer les abeilles et les courgettes de l’oppression de l’être humain, se lisent dans leurs yeux cernés et leur teint blafard. Parois ils me font penser au CAC40, toujours prêt à casser la gueule et à s’effondrer à tout moment. 

Alors j’ai décidé, de prendre soin de mon intérieur, pour briller de l’extérieur.  Je me suis beaucoup intéressée au sujet, et je me suis vraiment sentie motivée par les retours d’expériences que j’ai lu et entendu. J’avais, moi aussi, envie de faire partie de cette communauté de gens fiers de leur intestin et de leur haleine d’affamé.  Il faut compter 3 semaines en moyenne pour purifier et détoxifier son corps, et entamer une nouvelle hygiène de vie en harmonie avec ses intestins.

L’expérience n’a pas été un grand succès. J’ai tenu 16 heures, pendant lesquelles j’en ai dormi 7. Les 8 heures restantes je les ai passé à me rappeler les bonnes raisons qui m’ont poussé à me laisser mourir de faim. J’ai fini par me rappeler que personne ne verra jamais mes intestins, du moins pas de mon vivant, mais que tout le monde peut voir ma mauvaise humeur de femme qui crève la dalle. Avoir un intérieur qui brille c’est bien mais si c’est pour ne plus avoir d’amis auprès de qui s’en vanter, aucun intérêt ! J’ai appelé une amie et on s’est fait une soirée, bouteilles de vin (oui au pluriel) et plateau fromages. Adieu jus de radis noir et d’artichaud, et bonjour jus de raisin fermenté de Bourgueil.

J’ai tenté le sport aussi. Grâce à un ami coach, qui m’a gentiment préparé un programme personnalisé à faire 6 jours par semaine, pendant un mois. La première semaine, je me suis bien prêtée au jeu du gainage et des squats. La deuxième semaine, je me suis trouvée toutes les excuses du monde pour ne pas faire mes exercices. Résultat, je n’ai toujours pas mon corps de rêve pour la plage cet été, mais je n’ai plus de courbatures, non plus.

Suite à ses échecs, je me suis dit que je ne pouvais en rester là. Pour mes 40 ans il me fallait un changement dans ma vie, quelque chose qui allait marquer cet âge tant attendu. Mon bateau à l’eau, un nouveau boulot, un nouvel objectif. J’avais bien compris que ce ne serait pas l’entretien de mes intestins ni de mes abdo/ fessiers.

J’ai donc entrepris mon objectif vie saine, façon Actimel en commençant par faire un petit chekup de la Quarantaine.  C’est donc, tout naturellement, que je me suis retrouvée les seins à l’air devant un inconnu pour ma première mammographie. J’en avais entendu parler par mes amies, mais je n’avais pas de réelle de raison d’aller me balader à moitié à poil dans une pièce froide, pour me faire palper et écraser la poitrine dans tous les sens. Seulement voilà, s’il y a des grands-mères qui laissent des bijoux de famille à leur petite fille chérie, moi la mienne m’a légué un franc parlé et une répartie à toute épreuve, mais aussi un antécédent familial de cancer du sein.

Alors forcément, quand j’ai commencé à sentir une petite boule, je me suis dit que peut-être il serait sage de suivre le conseil des campagnes de sensibilisation et de prévention, et d’en parler avec mon médecin.

Bien évidement je n’en ai rien fait. On sait comment ça se passe dans ces cas-là. C’est un peu comme quand on est petit, que l’on a fait une grosse bêtise et que l’on doit aller se dénoncer et accepter la punition. Alors que temps que l’on ne dit rien, et que personne ne le sait, on a toujours l’espoir que la bêtise disparaisse d’elle-même, ou qu’elle se repart toute seule comme par magie. Et hop ! Ni vue, ni connu, la vie reprend son cours.

Je sais par expérience que ça ne marche pas, mais je tente toujours. Un peu comme la fois, vers mes 6 ans, j’ai mis le feu la moquette neuve de mes grands-parents, et que dans la panique je n’ai rien trouver de mieux à faire que de déplacer les meubles et la table. A ce moment-là, j’espérais sincèrement que personne ne se rendra compte que le salon avait bougé de place, et que le pied de table faisant la moitié de la taille de la brûlure cache l’accident au moins jusqu’à ma majorité.

Bien évidement mon grand-père s’est levée de sa sieste et n’a pas mis 12 ans avant de s’apercevoir j’avais ruiné la moquette de 3 semaines.

Mais encore une fois, j’ai tenté ma chance au jeu de si je ne dis rien, si je ne fais rien, c’est que rien n’existe. Plutôt que de prendre le risque de savoir et de ne plus pouvoir faire marche arrière et surtout de faire comme si tout était parfait, j’ai fait ce que je maîtrise le mieux. A savoir : Rien.

Je me suis dit que si je l’ignorais elle se lasserait et elle partirait d’elle-même. Comme dans une relation de couple, quand l’un ignore l’autre, l’autre se lasse et finir par partir.  Elle non. Elle a décidé de rester et de grossir. Même si j’ai toujours rêvé, comme beaucoup de femmes, de voir ma poitrine grossir et m’offrir un décolleté Hollywoodien, je n’avais pas envisagé les choses de cette façon.

J’ai donc pris mon courage et mes deux seins par la main, et nous sommes allé vivre cette nouvelle expérience ensemble. C’est comme ça je me suis retrouvé, la poitrine écrasée dans une machine, clairement destinée à torturer tous les nichons qui se poseront sur elle.

J’ai un peu de compassion pour elle finalement. Sa vie ne se résume qu’à un seul et unique but : écraser des tétons. Des gros, des petits, en forme de poire, de gant de toilette. Elle ne voit que ça de la journée. Et elle doit tous les écraser sans exception. Elle n’a pas le choix. J’imagine qu’a début c’est marrant, mais qu’à un moment, elle doit vouloir servir à autre chose. Elle se dit surement qu’un jour son boulot va évoluer et qu’on lui fera faire des couillographies. Ça mettra un peu de suspense dans son existence. Mais en attendant sa promotion, elle reste plantée là au milieu de la pièce et elle écrase.

Bon après j’ai de la compassion certes, mais je ne la plains pas non plus. Combien d’hommes et de lesbiennes rêveraient d’avoir ce job ?! Et puis qui d’entre elle et moi est le plus à plaindre ? Elle qui malaxe des seins toute la journée ou moi qui en suis à un stade de ma vie ou j’ai de la compassion pour une machine ?

Quoi qu’il en soit j’étais en train de vivre ma première mammographie, et celle que j’espérais bien être la dernière. Imaginez-vous debout avec un sein coincé et écrasé entre un plateau et une sorte de bac à légumes, et une femme qui vous dit de ne surtout pas bouger et d’arrêter de respirer. Comme si elle était obligée de préciser de ne pas bouger !  Elle venait toute juste de me coincer le nibard dans sa machine à torture. Qu’est à cru ? Que j’allais me sauver avec sa machine accrochée à ma poitrine ? Et puis son : arrêter de respirer ! Perso, j’ai arrêté de respirer depuis que mon sein s’est retrouvé complétement écrasé prêt à exploser, sous son bac à légumes. Au moindre mouvement je craignais que mon sein ne s’arrache du reste de mon corps. Alors non, madame rassurez-vous, personne ne va prendre une grande inspiration et jouer à cache/cache avec vous.

Quoi qu’il en soit maintenant j’ai vécu une vraie expérience de quarantenaire. Première étape de franchie. Après je suis tombée sur un médecin super sympa avec qui j’ai sympathisé. Ce qui n’était pas gagné d’avance, parce que je sympathise rarement avec les gens que je ne connais pas, et qui me malaxe la poitrine à la recherche d’une anomalie. Mais finalement, entre nous ça a matché. Il veut me revoir. Au début j’ai hésité, j’ai trouvé un peu rapide, puis j’ai vite compris que ce n’était pas une invitation que je pouvais décliner. Alors j’ai accepté. En plus, comme il m’a trouvé sympa, il veut me présenter au reste de son équipe pour une nouvelle expérience. Juste s’assurer que l’histoire de Mamie Léone ne se répète pas. Alors, j’ai bien tenté de lui expliquer que si j’étais une tumeur, je choisirais de m’installer dans une poitrine pulpeuse, généreuse et accueillante. Pas dans une petite poitrine victime de la loi de la gravité. Un peu comme quand on choisit sa maison. On ne choisit pas de s’installer dans un 40 m² avec le toit qui fuit et les canalisations qui pétent, si on peut choisir, un 120m² avec cuisine équipée et piscine extérieure. Bah là, c’est pareil. Mais il a son petit caractère, et il n’est pas très ouvert à la négociation. Alors je vais quand même y aller, histoire de rencontrer d’autres personnes sympas. On ne sait jamais...

En attendant, je vais profiter des quelques rayons de soleil pour fêter ça autour d'un apéro/terrasse.

GwenAlice

 

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